Depuis quelques années, la tendance est à l’huile de coco. On en parle partout, on l’utilise pour tout – la cuisson comme la cosmétique – et on vante ses vertus exceptionnelles haut et fort. Difficile de passer à côté, en particulier lorsqu’on tend à consommer plus healthy.
Pourquoi l’huile de coco est-elle tant plébiscitée ?
Car elle est riche en acide laurique (propriétés anti-microbiennes), acide myristique (régénération de la fonction protectrice de la peau), acide palmitique (un constituant de l’épiderme), et en acide caprique et caprylique (propriétés antibactériennes, antivirales et antifongiques). De plus, elle est également riche en vitamines A (reproduction cellulaire et hydratation de la peau) et en vitamines E (antioxydant qui protège les cellules de l’épiderme). On peut donc la qualifier d’huile nourrissante et réparatrice, relipidante et facilement absorbée par la peau.
Forcément avec autant d’atouts, j’en ai moi aussi voulu faire l’expérience.
Attention lors de votre achat à bien veiller à ce qu’il s’agisse d’huile vierge bio obtenue par première pression à froid afin que l’huile soit pure, à base de coco fraîche et non séchée, et qu’elle conserve bien toutes ses vertus. L’huile de coco a la particularité de se solidifier en dessous de 25 degrés environ. Ma curiosité a donc été mise à l’épreuve quand, au milieu des autres huiles de coco solides, j’ai trouvé des huiles de coco liquides. Il s’agit pourtant d’huiles composées à 100% de noix de coco, donc comment est-ce possible ? J’ai fait quelques recherches et j’ai trouvé qu’on utilise pour cela un procédé qui permet de « retirer la matière qui la rend solide à température douce, tout cela sans aucune utilisation ou ajout de produit chimique ». Je reste perplexe, l’explication reste très vague et j’imagine qu’elle n’est donc pas pressée à froid. Bref, à éviter. Pour liquéfier l’huile rien de plus simple, il suffit soit de faire chauffer une petite quantité dans la paume de sa main, soit de faire chauffer directement le flacon dans un peu d’eau chaude.
Pour ma part, j’ai opté pour une huile de coco au rayon alimentaire car le même produit au rayon cosmétique vous coûtera facilement le double, sans parler de la possibilité de tomber sur une huile avec quelques ingrédients supplémentaires en prime… – après tout, c’est seulement une huile, non ?
L’huile de coco en soin visage
Afin de remplacer mes crèmes et autres soins hydratants conventionnels, j’ai décidé de faire confiance aux nombreuses qualités de l’huile de coco. En effet, elle est présentée comme un excellent démaquillant, un soin hydratant, un soin réparateur, un anti-âge, un baume à lèvres et même un dentifrice… J’en ai fini par me demander pourquoi continuer à créer des cosmétiques si une seule huile suffisait pour tout et pouvait être aussi miraculeuse ?!
J’ai une peau mixte. Si je ne prends pas suffisamment soin de ma peau, j’ai tendance à avoir des imperfections sur la zone T et plus particulièrement des petits boutons blancs (appelés comédons fermés ou microkystes). Grâce à ses qualités antibactériennes et antimicrobiennes, voire même anti-acnéiques, j’ai décidé d’utiliser l’huile de coco pour mon visage les yeux fermés. Quel bonheur ! Cette odeur légère de noix de coco et son doux parfum de vacances. Une quantité minime est nécessaire pour le visage et le cou mais surtout le confort de n’utiliser qu’un seul produit pour tout : le visage, le contour de l’oeil et les lèvres. Dans un premier temps, j’ai préféré l’utiliser uniquement le soir. Je voulais d’abord tester l’huile : était-elle bien absorbée par la peau sans laisser un effet gras ? La texture pouvait-elle être compatible comme base de maquillage ?
A priori, tout se passait très bien. Je ne ressentais quasiment aucune différence avec une crème de jour classique : ma peau restait hydratée, souple et douce mais peut-être un peu plus brillante qu’auparavant. Côté texture en revanche, même si effectivement la peau absorbe avec plaisir l’huile, on ressent tout de même un léger effet gras – désagréable pour un soin de jour mais sans conséquences pour un soin de nuit. Seulement au fur et à mesure des utilisations, des boutons apparaissaient de plus en plus régulièrement. Ce n’était plus seulement des petits boutons blancs mais bien des boutons rouges type acné, persistants et de plus en plus gros et nombreux. Naïvement, j’ai voulu croire qu’il s’agissait de l’action anitbactérienne de l’huile de coco : un peu à l’image de la cure de Roaccutane, bien connue des adolescents – faire ressortir d’avantage les problèmes d’acné au début du traitement pour les voir disparaitre définitivement. Mais voilà, j’avais beau essayer de patienter rien ne s’arrangeait et pire encore, les boutons s’aggravaient !
J’ai fini par craquer et chercher des réponses – et surtout une solution concrète à ce nouveau problème inattendu ! Une simple recherche Google me suggère « huile de coco donne des boutons ». J’imagine que j’ai commencé à surfer sur la tendance de la coco à ses débuts, au moment où tout le monde chantait ses vertus sans en connaître encore les effets secondaires. Ses effets néfastes n’ont en effet commencé à apparaître que petit à petit et bien plus tard. C’est pourquoi je reproche aujourd’hui à la majorité des sites de relayer des informations et de vendre des produits sans les avoir réellement testés. Non, utiliser un produit une seule fois ou même une semaine, un mois, ce n’est pas le tester !
L’huile de coco est en réalité une huile très comédogène, c’est-à-dire une huile qui a tendance à favoriser les imperfections car elle obstrue les pores de la peau. L’indice comédogène se mesure sur une échelle de 0 à 5. A partir de 2 on peut considérer l’huile comme comédogène. L’huile de coco a un indice de comédogénécité de 4 sur 5 ! Je vous laisse imaginer le désastre sur la peau !! C’est d’ailleurs assez unanime dans mon entourage, toutes celles et ceux qui ont voulu passer par l’étape soin du visage à l’huile de coco sont ressortis avec des boutons à foison !
>> A bannir sur peaux mixtes, grasses et acnéiques qui ont déjà des problèmes et des pores obstrués. En revanche, l’utilisation est possible pour les peaux sèches à très sèches même si honnêtement vous pouvez trouver mieux – mais moins tendance.
L’huile de coco en soin corporel
Après mon expérience entièrement ratée d’huile de coco sur mon visage, j’ai voulu lui donner sa chance sur le corps. Après tout, la peau n’y est pas la même et l’utilisation de l’huile ne sera pas quotidienne donc pourquoi ne pas tenter le coup. J’ai pu lire par exemple des avis de femmes enceintes qui en utilisaient sur la peau du ventre durant leur grossesse pour éviter vergetures et tiraillements et elles en étaient plutôt ravies. D’autres l’utilisent en soin hydratant après-soleil pour éviter la déshydratation ou encore en traitement des zones sensibles pour son action apaisante. Certains l’utilisent même sur l’eczéma pour son action cicatrisante et pour éviter les démangeaisons. Pour moi, je ciblais l’utilisation de l’huile sur les jambes où ma peau est souvent un peu plus sèche en raison des épilations et sujette occasionnellement à l’eczéma.
Je persiste à dire que l’odeur de la coco me plait énormément. La peau est effectivement nourrie, hydratée et douce mais je vous avoue que je ne l’utilise que très peu tout simplement car la texture est bien trop grasse et c’est assez désagréable. Je n’ai jamais apprécié les crèmes hydratantes qui ne pénétraient pas assez rapidement (en particulier pour les mains) et là, cette sensation de peau collante ne me convient pas trop. C’est vraiment dommage. En revanche, comme prévu rien à signaler côté imperfections ou autres mésaventures inattendues.
Côté eczéma, j’ai l’impression que l’huile fonctionne assez bien : une plaque d’eczéma est une zone extrêmement sèche et le pouvoir hydratant de la coco c’est vraiment ce qu’il lui faut ! De plus, elle a effectivement participé à la disparition des plaques grâce a son action apaisante et cicatrisante. Mon expérience reste donc à moitié réussie : je continue, lorsque je ressens que ma peau est sèche, à appliquer l’huile au coucher comme ça je n’ai pas à subir la sensation désagréable de l’huile.
>> Efficace, pour celles et ceux qui ne sont pas dérangés par la texture.
L’huile de coco en soin capillaire
Dans mon précédent article, Mon quotidien avec les produits d’hygiène Cosmo Naturel, je vous expliquais ma phase de transition vers le shampoing naturel. Le but est de remplacer tout son rituel capillaire conventionnel (shampoing, après-shampoing et masque) par des produits entièrement naturels. Et une bonne routine capillaire au naturel débute avec un bain d’huile à faire poser au minimum une heure avant le shampoing. Vous avez l’embarras du choix quant à l’huile que vous décidez d’utiliser, vous pouvez même mélanger les huiles pour encore plus d’efficacité, le tout en fonction de la nature de vos cheveux et du traitement que vous souhaitez leur apporter. L’huile de coco est réputée dans cette phase de transition car elle participe à l’élimination du silicone de vos cheveux et en parallèle, elle participe à leur bien-être grâce à son pouvoir hydratant, nourrissant, et pour leur apporter brillance et résistance.
J’ai utilisé l’huile de coco en bain d’huile durant plusieurs mois et en effet, j’ai pu constater que mes cheveux paraissaient bien plus robustes et soyeux. Pourtant, à partir d’un certain temps d’utilisation, j’ai commencé a ressentir des démangeaisons et voir apparaitre des plaques rouges sur le cuir chevelu. Direction le dermatologue car cela commençait vraiment à devenir insupportable. J’étais dépitée de devoir mettre une pause à ma transition vers le naturel puisque je devais utiliser un shampoing traitant spécifique, sur ordonnance, qui a effectivement fait disparaitre tout signe d’irritation du cuir chevelu. Problème résolu, je reprends donc ma routine au naturel avec bain d’huile de noix de coco et shampoing Cosmo Naturel. Et là, tous les symptômes reviennent à nouveau ! Je décide de revenir à contre-coeur vers mon ancien shampoing conventionnel en attendant que mon cuir chevelu s’apaise de nouveau et en attendant de trouver un autre shampoing naturel. Je pensais qu’il s’agissait d’une réaction aux huiles essentielles présentes dans mon shampoing. Les mises en gardes sur les huiles essentielles et leur utilisation son assez fréquentes, il s’agit de produits extrêmement concentrés et certaines personnes peuvent développer des intolérances. Mais non, en réalité ce n’était pas mon cas. La preuve en est car j’utilise ce même shampoing encore aujourd’hui et tout va bien. Finalement, c’est en arrêtant l’utilisation de l’huile de coco que j’ai pu faire disparaître définitivement tous mes symptômes d’irritation du cuir chevelu – j’ai fait une mauvaise réaction à l’huile de coco ! Je pense que cela reste assez rare mais si vous avez des doutes, il se peut que cela vous concerne aussi. Ce qui est assez étrange, c’est que cela ne s’est produit que sur le cuir chevelu – aucune réaction allergique au contact du corps ou en utilisation alimentaire.
>> Mis à part mon intolérance, on sent réellement l’action gainante et nourrissante sur les cheveux, ils sont plus denses et plus forts. Je vous le recommande en soin capillaire.
L’huile de coco en cuisine
Aujourd’hui le débat autour des huiles culinaires est un sujet d’actualité. Quelles sont les huiles les plus bénéfiques ? Quelles huiles supportent le mieux la cuisson ? Quelles huiles sont à bannir ? Bref, tout un débat qui nécessiterait un article tout entier !
L’huile de noix de coco est, une fois de plus, souvent citée comme l’huile culinaire par excellence. Pourquoi ? Car c’est l’huile la plus riche en TCM (acides gras à chaîne triglycéride moyenne, elle en referme près de 60%) et elle ne se détériore pas sous la chaleur (elle ne perd pas ses bienfaits et ne devient pas toxique). Plus concrètement, il existe plusieurs types d’acides gras, dont les TCM, qui sont considérés comme « moins mauvais » car ne sont pas stockés par l’organisme et ne provoquent donc pas de résidus pouvant obstruer les artères. Pour résumer, l’huile de coco est un aliment facile à digérer, riche en agents antibactériens qui augmentent la production de probiotiques dans le système intestinal et aident à lutter contre les infections (comme les yaourts 🙂 ).
J’ai à plusieurs reprises utilisée cette huile en cuisson, à la poêle ou au wok pour faire sauter viande blanche ou légumes. A l’utilisation, il s’agit d’une huile tout à fait normale mais qui donne un léger goût de coco à vos plats – très savoureux ! Idéal pour de légères recettes façon sucré-salé ou pour apporter une minime touche exotique à vos plats basiques.
J’ai également voulu goûter, comme suggéré dans de nombreux médias, sur une tartine en remplacement du beurre et c’est aussi très bon, cela permet de sortir de temps en temps du classique pain-beurre. Si je dis « de temps en temps » c’est tout ce qu’il y a de plus volontaire ! Oui, l’huile de coco est savoureuse en cuisine mais comme pour tout, rien n’est jamais bon dans l’excès. Elle est très riche en TCM qui n’en restent pas moins des acides gras et donc à ne pas consommer avec excès (pas plus de 10% des apports énergétiques d’acides gras saturés par jour, selon l’Anses – Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Mais surtout, son apport nutritionnel est très faible : seulement de la vitamine E (antioxydante), des agents antibactériens et 90% d’acides gras saturés qui, à l’excès, peuvent entraîner des pathologies cardiovasculaires, selon les diététiciens.
Voilà un aperçu pour rappeler la diversité de la composition des huiles en acides gras :
On se rend ainsi plus facilement compte de l’importance de varier les huiles et surtout de la proportion d’acides gras saturés de l’huile de coco !! Il faut l’utiliser essentiellement en friture car elle supporte les hautes températures (jusqu’à 180°C) mais surtout en alternance avec d’autres huiles qui ont des vertus et des bienfaits bien différents dont nous avons tout autant besoin, par exemple :
- L’huile d’olive : très riche en oméga-9 et vitamine K
- L’huile de noix : meilleur rapport oméga-3/oméga-6
- L’huile de colza : oméga-3, oméga-9 et vitamine E
- Etc…
>> A utiliser occasionnellement en cuisson ou en remplacement du beurre mais bien plus intéressante en cosmétique qu’en alimentation de par ses vertus.
SolynAvis
Les modes de consommation et les tendances évoluent et reviennent sans cesse. Un peu à l’image de l’histoire de l’huile de colza : très tendance jusque dans les années 60, elle a complètement été bannie dans les années 70 au profit de l’huile de tournesol, après une très mauvaise publicité. Elle est pourtant redevenue aujourd’hui l’une des huiles alimentaires les plus consommées en France. Et oui, après de nouvelles études et grâce à la nouvelle législation du Ministère de la santé, son image a été réévaluée – depuis 2006 seulement. C’est finalement ce qui se passe aujourd’hui avec l’huile de coco : huile miraculeuse au début et puis des études démontrent que finalement, pas tant que ça ! C’est peut-être le défaut majeur de notre société actuelle : on crée et ensuite on s’inquiète des conséquences – mais c’est un tout autre débat philosophique. Finalement c’est la grande médiatisation de l’huile de coco qui ne lui a pas réussi. Forcément, après avoir été autant plébiscitée avec une liste de vertus interminable, dès le premier couac, on crie au scandale.
L’huile de coco a ses atouts lorsqu’elle est utilisée judicieusement : très satisfaisante en soin capillaire, satisfaisante en usage ciblé sur le corps, occasionnellement en cuisson et jamais en soin visage !!